Des kits de rétrofit pour naviguer en 100% électrique !

MERCI À MOTEUR BOAT POUR CETTE BELLE MISE EN LUMIÈRE DANS SON NUMÉRO DE SEPTEMBRE.

Lanéva, qui a construit le bateau électrique Vesper, ajoute une nouvelle corde à son arc en proposant des kits pour remotoriser une occasion avec un moteur électrique, un tout-en-un qui permet de naviguer de façon propre et silencieuse. Nous l’avons testé à bord d’un superbe Riva© Ariston de 1961, qui pourra ainsi repartir pour des années de bons et loyaux services. Stupéfiant !

A l’instar de ce qui se passe dans l’automobile, où d’anciens modèles sont rééquipés d’un moteur électrique, la plaisance pourrait bien à son tour être gagnée par ces opérations de rétrofit. Le concept consiste à remplacer le moteur thermique et son réservoir à carburant par un moteur électrique, auquel s’ajoute un parc de batteries. Ou comment redonner une nouvelle jeunesse à une occasion … Certes, il existait déjà dans la plaisance des opérations de ce type. Mais elles étaient jusqu’à présent assez rares. Il y a une petite dizaine d’années, nous nous étions fait l’écho d’un Boston Whaler Vantage qui avait été remotorisé avec une paire de Torqeedo Deep Blue, afin de pouvoir naviguer sur le lac Sainte-Croix (Var) où les moteurs thermiques sont interdits. Avec Lanéva Rétrofit (une division de la société Lanéva, constructeur du Vesper dont l’essai complet a été publié dans le n° 385 de Moteur Boa~, l’idée est de faciliter cette opération de remotorisation, notamment pour le particulier. Une solution clefs en main, prête à être montée Comme le souligne François Richard, fondateur et patron de Lanéva: « On trouve dans ce kit de rétrofit le moteur, la ou les batteries et tous les éléments électroniques. C’est une solution clefs en main. » Un peu à la manière d’un meuble lkea … À une différence près : les kits sont à installer par des professionnels. Ainsi, un partenariat a été noué avec la société italienne Bellini Nautica, spécialiste de la restauration des Riva. Mais ce genre d’accord pourrait être multiplié. « Il existe des demandes pour d’autres marques, comme Chris-Craft, Hacker Craft, Boesch, Pedrazzini, précise François Richard. Passer par ces concessionnaires ou des chantiers locaux permettrait d’élargir la clientèle à d’autres modèles.» 

Pour l’heure, les kits se destinent à des bateaux classiques, comme le Riva© Ariston sur lequel nous avons navigué, mais, dans la pratique, tous les modèles sont compatibles. « Il n’y a pas de taille minimale, explique François Richard. Actuellement, nous travaillons sur des unités dont la longueur est comprise entre 5 et 13 mètres. Au-delà, le changement manque de cohérence, en particulier économique au regard du coût du parc de batteries. » Et du côté des caractéristiques techniques ? « Dans tous les cas, nous étudions en amont ce qui est faisable, afin de respecter les poids, le centre de gravité, l’équilibre, le bâti moteur, etc. Nous vérifions également la possibilité d’installer le moteur, les batteries et notre technologie. » À ces éléments techniques s’ajoutent des travaux de recherches (pour ne pas dire d’archiviste), car il est parfois nécessaire de récupérer les plans d’origine ou, à défaut, des photos ou documents d’époque. L’équipe de Lanéva Rétrofit se déplace afin de modéliser en 30 les mensurations du bateau. Ces étapes prennent du temps lorsqu’il s’agit du premier bateau, mais, une fois réalisées, les démarches sont enregistrées une fois pour toutes et facilitent l’installation des kits à venir. « Pour les bateaux suivants, c’est un peu comme si on copiait-collait le processus, détaille François Richard. À bord de bateaux comme cet Ariston, ce système est pertinent, car tous les Riva ont été produits au minimum à 500 exemplaires. Pour un bateau construit à l’unité, il y aura forcément plus d’études de faisabilité.  Mais l’avantage de l’électrique est de s’adapter à tous les usages, même si nous vérifions que le programme initial est bien maintenu. Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de contre- indication. Pour cet Ariston, nous avons seulement retravaillé l’hé lice. » 

Si l’ancien moteur et son réservoir sont débarqués, les commandes d’origine restent à poste. En effet, hormis l’inscription « 100 % Electric » à l’arrière du Riva, rien ne le distingue des autres modèles de Riva amarrés sur le ponton de Monaco Boat Service. « Le but est de ne pas altérer le bateau et de le laisser dans sa configuration d’origine », précise François Richard. Les kits sont modulaires, qu’il s’agisse de la puissance moteur ou de la capacité des batteries. Des composants d’origine industrielle Sur le Riva© Ariston, le vieux Chrysler de 1961 qui développait 177 chevaux a été remplacé par un moteur électrique Bosch de 140 kW (soit 190 ch thermiques). Les batteries totalisent 63 kWh et le voltage est de 400 V (avec câbles blindés). « Tous les composants sont d’origine industrielle et certifiés, assure François Richard. Nous profitons de l’expérience de la construction de notre Vesper. »

Côté vitesse, cet Ariston a atteint 30 nœuds, mais il est volontairement bridé pour ne pas malmener la carène de cette vieille dame de plus de soixante ans. « Il est techniquement possible de dépasser ces 30 nœuds, car nous avons limité le moteur de moitié à 8 800 tr/mn [il est capable de monter à 16 000 tr/mn, ndl~, explique François Richard. On essaiera probablement de faire une pointe à 36 nœuds, car c’était la vitesse maximale du bateau avec son moteur thermique. » Testé au large de Monaco, le Riva s’est montré tout à fait agréable à l’usage, avec un silence propre aux motorisations électriques. L’interface Garmin permet d’avoir toutes les données en permanence, l’autonomie, le niveau des batteries, etc., mais aussi la température ou l’historique des précédentes navigations. Elle est capable de s’adapter à n’importe quelle utilisation, y compris professionnelle, car le kit peut évidemment être placé à fond de cale de bateaux de transport de passagers, de bateaux-taxis, etc. 

 

UNE REMOTORISATION CLEFS EN MAIN COMBIEN ÇA COÛTE ?

L’installation du kit présent à bord du Riva Ariston s’est élevée à 90 000 €, mais les premiers prix débutent aux alentours des 50 000 €. Selon Lanéva Rétrofit, le retour sur investissement est d’environ 24 mois, notamment au regard de l’économie de carburant, d’entretien, de la revente de l’ancien moteur … « Ceux qui opèrent cette transition ne le font pas forcément pour des raisons financières, mais davantage environnementales, détaille François Richard.

Évidemment, économiser 200 litres de carburant n’est pas négligeable, mais ceux qui se tournent vers le rétrofit sont déjà sensibilisés aux enjeux écologiques, ils roulent en voiture électrique, etc. » Parfois, le changement de moteur est poussé par des contraintes réglementaires. On pense entre autres aux interdictions de naviguer en thermique sur des lacs ou des plans d’eau intérieurs. « Sur la partie suisse du lac Léman, le bruit des moteurs ne doit pas dépasser 72 dB. La réglementation pourrait donc accélérer le processus, prévient François Richard qui vise cette année la revente d’une vingtaine de kits [avec ensuite un objectif de 250 par an en Europe et aux Etats-Unis, ndlr]. L’installation d’un kit prend environ deux semaines. Si le moteur et la batterie sont externes, toute la partie intelligente du système (gestion) est faite par nous. » 

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